SCP-4833 : La Symphonie syncope

Informations

Nom : La Symphonie syncope
Auteur : Fourmi1(MNIW)
Notation : 2/2
Créé le : Wed Jan 01 2025

Rangées après rangées de sièges vides rythment le hall. Vous vous êtes assuré être tout seul ce soir - tous les autres sont occupés ailleurs, ou pris par leur travail. Vous vous êtes assuré de réserver une semaine de vacances après l’affaire de Magaluf - votre extrême fatigue requiert votre attention.

Dans les quelques mois depuis votre promotion, vous n’avez pas eu beaucoup de temps à vous accorder. Mais il y a des choses qui ont piqué votre curiosité depuis longtemps, des choses au-delà de vos attributions particulières. Vous avez fait une demande de réquisition pour un fichier, coincé dans un cabinet d’archive dans l’une des plus obscures parties du Site-01. Il est assez clair qu’il s’agit d’une chose que la plupart aimerait oublier.

La bobine se met à tourner - toute automatisée, bien entendu. Les grains clignotent sur l’écran, avant d’exploser en une image. C’est le terrain de jeu d’une université. L’année doit être aux alentours de 1975, 76. Il n’y a pas de son, et l’image clignote et se distord aux pires moments, mais les silhouettes sont on ne peut plus claires. Ils jouent - au rugby ? Au football américain ? Quelque chose du genre. Ce n’est pas très certain.

La caméra s’élargit et se déplace. Un groupe de gens souriants, des spectateurs, saluent ensemble à la caméra. Leurs mouvements ne sont ni construits, ni un acte, ni précis - ils sont maladroits et incertains, pleins de rire et de jeunesse. Des personnes. De vrais personnes, assisent juste en face de vous. N’est-ce pas ?

Vous regardez le document, mais vous ne pouvez vraiment vous concentrer. Vous vous rappelez de l’école, n’est-ce pas ? Votre expérience était différente - lieux différents, temps différents - mais vous vous en rappelez. Le format discipliné du temps, les premiers pincement de cœur, la promesse de tous vos rêves face à vous. Une infinité de jeunesse, modelée par votre nom. Tout était devant vous. Ce lever de soleil à l’horizon.

Vous vous rappelez, n’est-ce pas ?

Vous ne vous rappelez pas ?

SCP-4833

PAR ORDRE DU CONSEIL O5

Le fichier suivant est classifié de Niveau 5/4833.

Tout accès non autorisé mènera à l’élimination immédiate.

Procédures de Confinement Spéciales

Lieu de l’incident 4833-8C.

L’activité de SCP-4833 est actuellement surveillée par la FIM Êta-11 "Les Bêtes Sauvages". Êta-11 devra immédiatement répondre à tout incident signalé en évaluant la situation et en tentant de contenir toute anomalie potentielle.

À la suite de l’incident 4833-8C, la nature de SCP-4833 est considérée être radicalement altérée. SCP-4833 sera reclassifié et son fichier modifié dès que l’interrogatoire de l’Agent O’Hara sera conclu.

Description

SCP-4833 est un groupe organisé de plieurs de réalité, se présentant généralement par le nom "Symphonie Syncope". Il est supposé que SCP-4833 comprenne entre 10 et 29 individus, chacun d’eux montrant des capacités et propriétés similaires.

Commençant au début des années 1940, l’activité principale du groupe a été l’expérimentation sur des jeunes âgés entre 15 et 18 ans, dans l’intention de les altérer anormalement dans un objectif inconnu. SCP-4833 a été une puissance significative des affaires anormales, étant particulièrement craint dans le milieu de l’anormal pour l’enlèvement et l’altération forcée de nombre d’individus depuis la fin des années 1940. Cependant, leur présence a chuté significativement ces dernières années.

Au-delà de ceci, peu de choses sont connus des intentions, du mode opératoire ou de la nature fondamentale de SCP-4833. Ceux-ci ont été uniquement rencontrés indirectement par les agents de la Fondation lors d’événements orchestrés par SCP-4833. Les témoignages de plusieurs survivants indiquent que le but ultime de SCP-4833 est l’instauration d’un "état d’harmonie" ; ce que cela implique reste inconnu.

Les propriétés anormales de SCP-4833 semblent centrées autour de la mémoire et de la musique. Dans la plupart des formes que la Fondation a rencontrées, ils apparaissent comme un orchestre en performance ou comme un magasin de matériel musical. Les signalement des membres de SCP-4833 les mentionnent systématiquement "masqués". Cependant, étant donné les effets amnésiques subis par tous ces individus, peu d’autres détails sont clairs.

SCP-4833 a d’abord été porté à l’attention de la Fondation au milieu des années 1970. Une force d’intervention dédiée de la Fondation a été établie peu après avec pour mission express d’enquêter sur et localiser SCP-4833. Bien que cette force d’intervention n’ait pas réussi à localiser un seul membre de SCP-4833 à ce jour, elle a apporté un grand nombre d’informations qui ont aidé au confinement des activités de SCP-4833 sur une grande échelle.

Chronologie de SCP-4833

1947

Supposé être le début des activités de SCP-4833. Des sujets se font enlever à travers le monde, avec une concentration singulière dans les alentours du Parc National de Yellowstone.

1964

Première expérimentation massive, prenant place à Boise, dans l’Idaho. Étant donné des pressions de la CMO et de nombreuses autres organisations, SCP-4833 est supposé avoir relocalisé sa base d’opération principale à ████████ County, dans ███████.

1969

SCP-4833 ouvre un magasin de matériel musical connu comme "Symphonie Syncope" dans la ville de [SUPPRIMÉ]. Aucune activité anormale présente initialement.

Automne 1975

Événement danger-sensitif massif prenant place au Lac ███████████. Bien qu’aucune preuve concluante liant l’événement à SCP-4833 n’a été trouvée, la nature de l’anomalie correspond au mode opératoire de SCP-4833.

1976

Une série d’expériences réalisées par SCP-4833 à l’université de Kirk Lonnwood et à l’université ███████. Les écoles et villes concernées ont été rapidement évacuées et la Fondation en a pris le contrôle. Le magasin de matériel musicale de la "Symphonie Syncope" a été trouvé abandonné lors d’un assaut de la Fondation.

1977

Le nombre de sujets enlevés par SCP-4833 décroit brutalement en comparaison à l’année 1976, débutant une tendance continuant jusqu’à nos jours. Certaines figures du milieu anormal ont spéculé la cause étant que SCP-4833 a atteint son objectif à un quelconque moment de 1976, les enlèvements suivants n’étant plus qu’un moyen de "perfectionnement".

1988

Dernière rencontre connue entre un membre du personnel de la Fondation et un individu altéré par SCP-4833 avant l’année 2019.

2019

Incident 4833-8C (voir ci-dessous).

Ce qui suit est un rapport de l’interaction entre l’Agent John Hardcastle et un plieur de réalité anormal.

Date : 09/11/1988

Lieu : Traktir na Zabytyy, un bar d’Arkhangelsk, en Union Soviétique.

Notes : L’Agent Hardcastle a passé plusieurs mois à répertorier les plus anciennes traces des expériences de SCP-4833. Il a découvert des documents indiquant qu’un certain Vasily Stroganov, individu connu de l’Agent Hardcastle, a été sujet aux expériences de SCP-4833 vers la fin des années 1940. M. Stroganov a été suivi jusqu’à Arkhangelsk et interrogé seul par l’Agent Hardcastle.

<Début de l’enregistrement>

L’Agent Hardcastle active sa caméra. Il se trouve dans une large allée déserte ; il neige fortement. Un panneau peut être lu indiquant "трактир".1 Il avance vers la porte et entre.

L’intérieur est sombre et gras. Les murs sont de briques nues et plusieurs tables sont éparpillées dans la pièce. Le tenancier est un homme d’âge moyen en surpoids, clairement ivre. Un autre homme - Vasily Stroganov - est avachi devant un verre de Vodka. Il n’y a personne d’autre dans l’établissement.

Agent Hardcastle : (en russe) Vodka, s’il vous plaît.

Le tenancier cherche un verre de vodka. Pendant ce temps, Stroganov se redresse et regarde l’Agent Hardcastle qui lui hoche la tête. Le tenancier donne la boisson à l’Agent Hardcastle.

Agent Hardcastle : (en russe) Bonne clientèle en cette période de l’année ?

Tenancier : (en russe) On dirait. Américain ?

Agent Hardcastle : (en russe) Anglais. Mais ne vous inquiétez pas - je fais partie des plus sympas.

Tenancier : (en russe) Il n’y a pas d’Anglais sympa. Mais il n’y a pas de Russe sympa non plus.

L’Agent Hardcastle tend au tenancier une épaisse poignée de billets de roubles.

Agent Hardcastle : (en russe) Voici un bon pourboire, pour un peu, euh, d’intimité.

Le tenancier compte l’argent, hoche la tête, et disparaît vers la pièce de derrière. L’Agent Hardcastle tire une chaise à côté de Stroganov.

Stroganov : Merde.

Agent Hardcastle : Salut, Vasily. Ça fait un moment, n’est-ce pas ?

Stroganov : S’il te plaît, laisse-moi juste tranquille. Tu as promis de me laisser tranquille. Après Buda, après avoir sauvé-

Agent Hardcastle : Désolé, Vasily, vraiment. Je n’ai pas voulu être là, mais il y a quelque chose de plus important que toi ou moi en cours.

Stroganov : Je suis un vieil homme, John, je ne peux pas t’aider. Je vis dans un appartement miteux dans un immeuble en béton dont tout le monde se fiche, à regarder la neige tomber. Je n’ai même pas de chauffage. Les empires que j’avais l’habitude de…

Stroganov secoue la tête et se tait pendant plusieurs secondes.

Stroganov : Contente-toi de partir.

Agent Hardcastle : Je ne peux pas. Je le souhaite, mais je ne peux pas. J’ai besoin que tu me parles de la Syncope, Vasily.

Stroganov se crispe ostensiblement.

Stroganov : Non. Non, non non. Va-t’en, John, tu n’as pas conscience de ce à quoi tu joues.

Agent Hardcastle : Des enfants, Vasily. Comme tu l’as été. J’ai besoin de savoir ce qui s’est passé en 1954.

Stroganov : Non. Je ne peux pas. S’il te plaît, je ne peux pas.

Agent Hardcastle : On peut t’emmener. T’installer dans un lieu meilleur, un lieu-

Stroganov : Ça n’a pas d’importance où vous m’installez, ce sera toujours la même chose.

Stroganov prend une grande gorgée de vodka.

Stroganov : Tu es là depuis longtemps ? Qu’est-ce que tu penses de la ville ?

Agent Hardcastle : Ce n’est pas - c’est sympathique, je suppose. Semblable à toutes les autres villes soviétiques où j’ai été - grande, couverte de béton. Encore une ville russe froide et obscure.

Stroganov : Cette ville ne semble pas obscure à ses habitants. C’est la plus grande ville à des centaines de miles. Mais pour un homme dans l’Ouest, un homme regardant la carte du monde, ça ressemble au plus lointain avant-poste de la civilisation. Tout ce que tu penses te définir n’est qu’un îlot éphémère dans un océan sans fin. Il y a toujours un autre plan, plus grand que celui qui le précède, c’est ce qu’ils m’ont dit, et ils vont me trouver, John. Je ne peux rien te dire.

Agent Hardcastle : Tu m’as déjà aidé, Vasily. Ils croient en un "plan, plus grand que celui qui le précède". C’est assez. Viens. On peut t’apporter le confort, la sécurité. Tu peux me parler de tout ce que ces pouvoirs sont dont tu n’as jamais voulu me révéler. Ce n’est pas comme avant. Nous sommes plus aimables maintenant. Plus souples.

Stroganov : Cet endroit sera obscur aussi. Cette époque, ce lieu, ces images de ta caméra. Les années 80. Qu’est-ce que les gens vont en penser ?

Agent Hardcastle : Une glorieuse décennie.

Stroganov : Pour certains. Pour d’autres, je pense que ce sera le souvenir d’un lieu sombre. Froid et empli d’incertitudes, comme de patauger au milieu d’un lac de nuit.

Agent Hardcastle : Autant de raisons de rendre le monde meilleur, alors. Et nous pouvons commencer par la Syncope.

Stroganov : Mais ils ne sont même plus vraiment acteurs. Tu ne le savais pas ? Presque personne n’a été enlevé ces dernières années. Ils ont trouvé ce qu’ils cherchaient. Tu ne peux pas les laisser tranquille ? Tu ne peux pas nous laisser tranquille non plus ? Laisse-moi mourir dans le froid, John, laisse-moi oublier le misérable gâchis que j’ai été. Je ne veux pas y retourner.

Agent Hardcastle : Ils enlèvent des enfants, Vasily.

Stroganov : Je m’en fiche.

L’Agent Hardcastle soupire bruyamment.

Agent Hardcastle : Alors je vais devoir t’emmener par la force.

Stroganov fixe l’Agent Hardcastle pendant plusieurs secondes.

Stroganov : Qui était Marcie, John ?

L’Agent Hardcastle recule prestement.

Agent Hardcastle : Je - je ne vois pas de quoi tu parles. Arrête ça.

Stroganov : Marcie Green. Une jeune de village, qui dansait sur les landes. S’entraînant pour une vie que vous saviez tous deux qu’elle n’aurait jamais. Tu fuguais du pensionnat pour l’admirer.

Agent Hardcastle : Je - Je ne veux pas ça je t’en prie-

Stroganov : Ton premier baiser. Tu lui parlais de vous enfuir ensemble. Mais tes parents l’ont découvert et tu as été éloigné. Tu avais dix-sept ans. Le dernier été de ta vie.

Agent Hardcastle : J’ai dit que j’attendrais…

Stroganov : Mais tu ne l’as pas fait. Tu es parti. Elle aussi probablement, mais je ne peux pas en voir autant. La Marcie dans ta tête n’est qu’une ombre, une silhouette, une frêle copie qui ne me dit qu’une fraction de l’histoire de l’originale. Pourquoi tu n’y retournes pas, John ? Vas-y - mon dieu, je suis désolé.

Agent Hardcastle : Retourner dans les champs…

Stroganov : O - oui. Retournes-y. Je suis désolé, John, tellement désolé…

L’Agent Hardcastle s’effondre, bégayant pendant plusieurs secondes avant d’expirer. Stroganov regarde dans le vide, pleurant silencieusement, pendant plusieurs secondes.

Stroganov : Je devais le faire. Je devais le faire. Ils ne sortiront jamais de ma tête. Ils le désirent tellement, tu ne vois pas ? Sais-tu seulement ce que tu as fait ?

Stroganov secoue la tête et se force à fermer les yeux. L’enregistrement grésille et se coupe.

<Fin de l’enregistrement>

Vous vous rappelez Hardcastle. Il avait été au Site-90 lorsque vous veniez juste d’entrer à la Fondation, vers la fin des années 80. Il a été un mentor pour vous, fraichement sorti du doctorat et affamé de connaissance. Quelques mois plus tard, il avait disparu. Transféré, vous a-t-on dit.

Désormais il n’existait plus qu’à peine. Peu de gens restent pour se rappeler de lui, et ils seront bientôt morts. Ce document l’immortalise, mais seulement tel la description d’un enregistrement. L’abstraction d’une abstraction.

Vous allumez une cigarette, et continuez à visionner les images. Le caméraman est rentré chez lui maintenant. Les vêtements de sa mère sont vieillots même pour l’époque - elle ressemble à une femme au foyer délavée des années 50, affichant un parfait sourire à la caméra. Son anachronisme a des défauts, cependant, et de petits bouts de contemporanéité débordent.

Le père sourit. Un haut à manches courtes, une montre démodée, une cannette de bière, des lunettes de soleil. Un homme qui ne pense jamais ne pas être à sa place et qui l’est constamment. Vous connaissez ces gens. Ils sont pareils à tous ces milliers de parents vivant de nos jours, mais leurs placements passés les changent encore, les altèrent. Ils ne sont pas les mêmes. Ils sont trop naturels pour être de cette époque.

Vous deviez avoir, quoi - 13 ? 14, en 1976 ? C’est devenu une époque oubliée même pour vous. Vous ne vous rappelez que des flashs. Une femme souriant, un père riant. Cette personne pour laquelle vous étiez tombé amoureux. Des professeurs aux visages étranges. Le grain sur de vieilles images de caméra. Le noir et blanc, la télévision couleur.

Des ombres parmi les ombres.

Vous retournez au fichier.

Les documents suivants ont été récupérés des effets personnels de l’Agent Valerie Kowalski à la suite de son suicide en 1997. Ils ont été compilés par elle-même au cours de son enquête sur SCP-4833. Le contenu de ces documents est retranscrit ci-dessous.

Document 1

Copie d’une page d’un manifeste d’expédition de MC&D, détaillant des produits importés aux USA en 1947.

Document 2

Message de l’Installation "Q" de la Fondation en 1959.

À : Directeur Holloway

De : Chercheur Brown

Date : 16/07/1959

DÉBUT DU MESSAGE

Concernant sujet BH12 : Réponse faible observée dans l’hippocampe malgré des tests prolongés. Chercheurs également inquiets pour la sécurité de leurs propres souvenirs - combinaison asbestos efficaces mais personnel plus en plus refuse usage étant donné inquiétude santé. Recommande investissement dans nouvelles combinaisons composées de formaldéhyde de Gregory.

Symptômes de BH12 restent constants ; absence complète de souvenirs propres, mais croyance persistante d’être un étudiant en 1976, malgré absence capacité à fournir informations précises sur événements postérieurs 1954 et ignorance plupart de l’histoire récente. Capacités infectieuses, cependant, semblent avoir augmenté ; obsession curieuse d’exploration de bunkers de la Seconde Guerre mondiale signalé récemment.

Observations continuent.

P.S. Deirdre et moi-même souhaitons de nouveau te remercier pour le dîner l’autre soir - quand pourrons-nous rendre l’invitation ? Deirdre est impatient d’essayer son nouveau poêlon électrique sur quelque chose vraiment ambitieux.

FIN DU MESSAGE

Document 3

Extraits d’un rapport de provenance inconnu concernant des anomalies confinées par l’Installation "Q" de la Fondation au moment de sa fermeture, en 1968.

Sujet anormal 1 est un mâle, 19 ans. Sujet incarcéré par la Fondation suite à démonstration de capacités anormales d’altération de souvenir. Sujet anormalement altéré à un moment inconnu en 1966. Sujet décrit chercheurs comme portant des "masques de carnaval blancs".

Le sujet est capable d’altération temporelle ; il peut spécifiquement modifier un événement qu’il peut percevoir antécédant à 1966, mais seulement à un degré très limité et avec peu d’altération sur le flux général des événements. Peu de choses ont été modifiées à l’exception de l’événement d’un voyage en voiture prenant place en 1965, et le développement d’une brève romance du sujet avec une camarade Valerie Smith en 1964.

Le sujet est incapable de retenir sur le long terme le moindre souvenir se déroulant après les expériences passées sur lui. Il pense être encore en 1966, et régulièrement pense qu’il est encore sujet d’expérimentation.

Transfert recommandé vers Site-107 pour expérience par le Département des Anomalies Temporelles.

Sujet anormal 88 est une femme, 36 ans. Sujet supposé avoir subi des altérations anormales significatives en 1949, à un degré suffisant pour endommager de façon permanente ses capacités cognitives.

Le sujet semble obsédé par la Fosse des Mariannes et parle régulièrement de ce propos la décrivant comme une "droite chute hors des limites de notre monde". Particulièrement, les déclarations du sujet correspondent beaucoup avec [SUPPRIMÉ]. Le sujet possède une expertise avancée à jouer du piano qui ne lui est pas connue avant l’expérimentation. Le sujet s’exprime dans un langage inconnu2 à chaque occasion où du piano est joué.

Le Commandement O5 a donné l’ordre que le sujet soit transféré immédiatement au Site-01. Cependant, étant donné le désaccord du Comité d’Éthique concernant [SUPPRIMÉ] vivisection, cet ordre a été temporairement suspendu.

Sujet anormal 212 était une femme, 30 ans au moment de son décès. Incarcérée depuis 1959. Les souvenirs du sujet sont intégralement remplacés par un étudiant inconnu de 17 ans, déclarant provenir de 1976. Les prédictions du sujet sur des événements de cette dernière décennie se sont révélées complétement incorrects, cependant : a déclaré que des événements tels que l’assassinat d’un "Président Kennedy" et une guerre entre les États-Unis d’Amérique et une entité inconnue appelée "Vietnam du Nord" (possiblement liée à la Dynastie des Yue du Sud/République de Hanoi du 3e siècle ?) se produiraient dans les années 60 et 70.

Le sujet possédait une capacité anormale de remplacement des souvenirs envers tout individu non protégé approchant dans un rayon de 5 mètres. Sujet découvert pendu le 09/10/1969, peu avant la fermeture de l’installation "Q" et l’implémentation du système de Site. Aucune note n’a été trouvée ; cependant, une série de dessins au stylo d’un violon, d’un bunker de la Seconde Guerre mondiale et d’une caméra cinéma "Super 8" de marque inconnue ont été découverts dans ses quartiers, ayant été apparemment composés peu avant son suicide.

Document 4

Image découverte parmi plusieurs possessions de l’Agent Kowalski. Il est supposé qu’il s’agit d’une version améliorée3 d’un plan fixe de l’enregistrement décrit dans le Document 4.

Rapport vidéo d’un enregistrement récupéré d’une caméra cinéma Super 8. Découvert dans une petite grotte dans l’Idaho en 1985.

<Début de l’enregistrement>

00.00.00 à 00.00.43: La vidéo commence sur un pan de colline inconnu, avec un paysage rappelant le Midwest américain mais les couleurs significativement distinctes de la réalité de référence. Un petit campement ou village peut être observé au pied de la colline ; il rappelle certains villages d’Amérique du milieu des années 1970.

Un large nuage, rappelant un vortex, peut être observé au-dessus du village. Il est de couleur rouge ou noire par intermittence. Plusieurs silhouettes indistinctes grises peuvent être observées du nuage se dirigeant vers le village.

Les mouvements de la caméra correspondent à une utilisation par un individu familier de son usage. La météo, cependant, produit des tremblements significatifs.

00.00.43 à 00.08.54 : Le caméraman commence à grimper lourdement la colline. L'image à ce stade est floue et les détails sont indistincts.

00.08.54 à 00.09.02 : Le caméraman lâche brièvement la caméra. Lorsqu'il là récupère, il est momentanément observable : un homme blanc en milieu d'adolescence, une boîte à violon accrochée dans son dos. Au-delà d'un style de coiffure long typique des années 70, aucun autre détail n'est clairement visible.

00.09.02-00.11.12 : Le caméraman se met à courir de nouveau. Après quelques minutes, il se retrouve devant une grotte. Une lumière peut être observée brillant depuis l'intérieur.

00.11.12-00.14.33 : Le caméraman pénètre la grotte. Un voile fin tinté de rose peut être observé étiré au travers du centre de la caverne. Un graffiti grossier indiquant "LIE SUR" est visible au fond de la grotte, derrière le voile. Le caméraman laisse la caméra tomber à ses côtés et avance, vers le voile. Il éteint la caméra peu avant l'entrée.

00.14.44-00.15.27 : La vidéo débute sur un plan du caméraman, maintenant sévèrement émacié. Il parle avec la caméra, mais étant donnée une distorsion locale de l'image, ce qu'il dit n'est pas clair. Son discours devient de plus en plus désespéré, avant qu'il n'éteigne la caméra. La coloration de l'environnement est désormais correcte.

00.15.27-00.17.38 : La vidéo s'ouvre sur un pan de colline, vu depuis l'entrée de la caverne. Les mouvements de la caméra semblent montrer le caméraman boîtant. Il se déplace vers l'extrémité de la caverne et apparaît vomir avant de continuer.

00.17.38-00.18.03 : La caméra est pointée sur l'ancien emplacement de la ville. C'est une ruine, mais de grands échafaudages et matériels de construction peuvent être observés la traversant. Des milliers d'humanoïdes indistincts mais apparemment identiques peuvent être observés engagés dans une activité de construction ; personne d'autre n'est visible. Tous portent des combinaisons oranges identiques. La météo extrême aperçue dans les versions précédentes n'est pas présente.

00.18.03-00.18.07 : La caméra est lâchée et l'image s'arrête brutalement.

00.18.07-00.19.25 : La caméra est ramassée. Elle est dirigée vers la ville, qui ressemble maintenant à Boise, dans l'Idaho au milieu des années 40.

00.19.25-00.19.30 : La caméra est tournée vers le caméraman - son visage et ses mains sont maintenant indistincts et peu observables étant donnée la distorsion de l'image. De ce qui est visible, celui-ci semble hurler. La caméra est éteinte.

00.19.30-00.19.35 : La vidéo s'ouvre sur l'intérieur de la caverne. Plusieurs mots peuvent être notés griffonés sur le mur au marqueur noir : "Synapse", "Sifflement", "Signes", Sayonara", "La Sybille". Un mot a été encerclé : "Syncope".

00.19.35-00.19.49 : La caméra se tourne vers le caméraman. Il n'est clairement plus émacié : son visage et ses mains souffrent des mêmes distorsions, mais notablement plus prononcées. Il porte un masque vénitien blanc. La caméra est éteinte.

Il existe un lieu dont personne ne parle. C'est enterré des kilomètres sous le Parc de Yellowstone, et c'est un mystère même de la Fondation qui l'a créé. C'est l'unique chose qui les effraye véritablement.

L'objectif principal de ce lieu, de cette étendue caverneuse d’acier et de béton, est la repopulation, la reconstruction et la restauration. Mais il y a des choses enterrées là-dedans avec des buts plus larges. Des Ancres à Réalité de Scranton, des PTCXA, d’autres machines cachées dont vous ne savez rien. Des objets altérant le temps et modifiant la causalité de manière subtile, inconnue et invisible.

De temps à autres, certains peuvent s’infiltrer au travers des fissures.

La brume obscurcit votre vision tandis que vous fixez dans le vide, perdu dans vos pensées. Vous êtes trop absorbé pour remarquer les changement sur votre écran, alors que la bobine tourne et tourne sur ses anciennes images. Un groupe d’amis, rigolant devant leurs casiers, évoquant une farce oubliée ou parlant de rumeurs sur des inconnus. Le contenu n’est pas conservé – seule sa forme.

Un garçon, invisible pour le caméraman mais dans le fond de la prise, est observé écrivant sur une feuille de papier. Son regard et son expression sont sérieux, concentrés. Il lui arrive de lever les yeux, crispé et nerveux. Derrière lui est posé un étui à violon.

Vous ne voyez pas le garçon – vous êtes déjà retourné au fichier. Il ne fait pas partie de vos souvenirs, cette autre image d’une image de quelque chose qui aurait pu être réel.

Était-il seulement là ?

Le 26/01/2019, une prise de contrôle hostile de l’auditorium abandonné à ███████ High School a été initiée par SCP-4833. Les forces de la Fondation ont rapidement sécurisé le site et ont vite confirmé qu’un seul membre de SCP-4833 était présent. L’agent O'Hara a été envoyée pour interroger et incarcérer l’instance. Ce qui suit est une retranscription de son flux vidéo personnel.

<Début de l’enregistrement>

Le membre de SCP-4833 (ci-après désigné SCP-4833-A) se tient debout au centre de la scène de l’auditorium. Son apparence est fortement déformée, mais son allure, sa posture et ses mouvements correspondent à un mâle humain d’âge avancé. Il porte un masque de carnaval blanc, et les habits typiques d’un conducteur américain du milieu du XXe siècle. Il tient un violon doré.

Autour de lui sont déposés un grand nombre de vêtements. Ceux-ci ressemblent aux tenues portées par des membres d’orchestres tout autour du monde entre le début et milieu du XXe siècle.

Agent O'Hara : Salutation. Je me demandais si je pouvais discuter avec vous quelques instants.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Tout va bien. Je ne suis pas là pour vous faire du mal. Je veux juste comprendre qui vous êtes, et pourquoi vous faites cela.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Je – désolée, je ne vois pas ce que vous voulez dire. Je ne connais aucun bunker – vous parlez d’un de nos Sites ?

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Non, ce n’est pas – bon. Écoutez. On est peut-être partis du mauvais pied. Pouvez-vous me parler du reste de la Symphonie ? Vos collègues artistes ?

SCP-4833-A désigne les vêtements qui l’entourent.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : …Ce sont juste – ce ne sont que des vêtements.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Ils sont – morts ? Les vôtres peuvent-

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Oh… je vois.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Alors ce n’était pas du tout un plan. Vous vous éteignez. Vous avez décliné.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

SCP-4833-A prend en main son violon, faisant quelques pas vers l’agent O’Hara. Ce dernier sort un pistolet et le pointe sur SCP-4833-A.

Agent O'Hara : Pourquoi expérimentiez-vous sur des enfants ?

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Qu’est-ce que vous voulez dire, comme vous ?

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Et le lac ?

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Je – quoi ?

Les mains de SCP-4833-A sont visiblement tremblantes. Il semble se défendre contre quelque force invisible centrée sur le violon.

Agent O'Hara : Qu’est-ce que vous voulez dire, "interprétation" ?

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : N - non. Il y a toujours une intention. Parfois, les choses ne se cachent pas derrière elles-mêmes.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Il n’y a pas d’autre force en jeu. Ça ne se peut pas. Il n’y a que vous, et vos musiciens, et les enfants à qui vous avez fait ça. Les souvenirs sont juste un autre moyen d’enregistrement. Je ne sais pas d’où vous venez, mais vous êtes autant de chair et de sang que moi. Il n’y a rien de mystérieux sur vous, et rien qui ne vous ait forcé à le faire.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Alors bon sang mais c’est quoi ?

SCP-4833-A joue une note sur son violon. Le bras droit de l’agente O’Hara tombe sur le côté et lâche son pistolet.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Mais - bon sang c’est quoi -

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Je m’en fiche. Vous avez pris des enfants . Qu’est-ce que vous êtes seulement ? Je ne peux pas voir votre visage. Les souvenirs ne font pas ça.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Vous n’aviez pas à leur rappeler. Leurs vies ne méritaient pas ça. Et vous avez échoué.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Il n’y a pas de bunker ! Il n’y a pas de mots passés, ou de personnes oubliées ! Vous avez manipulé vos fidèles à vous suivre, et ils sont tous partis et sont morts. Personne n’a été oublié ! Il n’y a que vous ! L’histoire est singulière. La vérité est singulière. Vous êtes explicables, ce qui est arrivé à la classe de ’76 est explicable, je - je trouverai, je trouverai la vérité.

SCP-4833-A commence à jouer du violon ; une mélodie commençant d’un tempo doux, augmentant progressivement en vitesse et en ton.

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : La m - musique n’a pas de conscience. Ça semble juste l-

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : Ce n’est pas - elle ne voulait pas que - non, non pas -

SCP-4833-A : [DÉFORMÉ]

Agent O'Hara : C’était le dernier été. L’université venait l’année prochaine. J’avais un balladeur et il pleuvait. Je lui ai demandé après, et elle a dit que ce n’était pas une dispute, m - mais je m’en souviens différemment. Quelle est la vérité ?

La musique de SCP-4833-A devient de plus en plus rapide. Les notes semblent vaciller du violon.

Agent O'Hara : Les collines étaient vertes. Nous étions – j’avais l’habitude de jouer la guitare, elle jouait la batterie. Ses parents n’aimaient pas ce que nous étions, mais ça n’avait pas d - d’importance pour nous, nous allions être formidables. Un ciel rouge sur l’horizon.

SCP-4833-A joue maintenant avec un rythme et une complexité impossibles à l’homme. D’une grande torsion, il se détache du violon, s’écroulant au sol. Le violon flotte dans les airs, continuant de jouer.

Agent O'Hara : Que sommes-nous ? Qui sommes-nous ? Vous ne vous rapplez pas ?

SCP-4833-A s’agrippe maintenant la tête ; il produit un son déformé, supposé être un cri. Le violon continue de jouer à une vitesse impossible.

Agent O'Hara : Vous ne vous rappelez pas ?

Plusieurs silhouettes sont observées se formant sur les bords de la salle de concert. Ils présentent tous des visages fortement défigurés, et font face à l’agente O’Hara.

Agent O'Hara : Je me rappelle.

Le flux vidéo est coupé.

<Fin de l’enregistrement>

Peu après cet événement, les renforts réussirent à pénétrer dans l’auditorium. SCP-4833-A, les vêtements, le violon et les humanoïdes défigurés avaient disparu. L’agente O'Hara a été trouvée, totalement inconsciente. Lors de son entretien, elle déclara n’avoir aucun souvenir de qui ou quoi que ce soit présent dans l’auditorium.

Une enfant sourit dans le couloir. Elle rit à quelque blague inaudible que son ami lui raconte. Une professeure les dépasse, une expression inquiète sur le visage. Le soleil brille à travers une fenêtre. La qualité d’image noie la scène dans une lumière granuleuse.

Ce couloir n’a jamais existé, à présent. Cette bobine fut récupérée du fond de la Fosse des Mariannes, ainsi que quelques autres petits fragments. Dans l’ombre, enfoui au-delà de toute trace d’homme, le seul lieu où puisse se trouver quoi que ce soit qui ait été.

Personne ne se rappelle d’elle. Tout ce que vous voyez sont quelques lueurs sur une page, une image, l’ombre d’une forme qui se trouve ressembler à cette créature d’autrefois. Ce n’est pas un souvenir, mais une lueur indiquant que quelque chose, quoi que ce soit, s’y était trouvé.

La bobine s’arrête. Son bruit se réverbère à travers la pièce : clic, clic, clic. Des lignes blanches et noires vacillent sur l’écran, tandis que vous êtes assis là, la fumée de cigarette emplissant l’air devant votre visage inexpressif.

Un jour, vous n’aurez jamais été non plus. Quelque désastre ou une catastrophe triviale surviendra, et tout le galimatias reprendra de plus belle. Un bunker, un levier, les morts et fins. Un mouvement prendra fin – mais la Symphonie continuera à jamais.

Et même si elle devait échouer, même si tous échouaient, votre propre vie aura pris fin. Elle sera éteinte telle tant d'autres le furent. Vous serez un cadavre, un squelette, poussière, une chose n'ayant jamais été, et personne ne se rappellera de vous.

Les arbres pousseront sur votre tombe. Les fleurs danseront. Les humains persisteront, puis mourront, ou se propageront à travers les étoiles sans souvenir de leur berceau. La Terre se morcellera et brulera, et les molécules expireront, et les atomes expireront, et le noir les consumera tous. Les quelques restes de vagues éparses se dissiperont, et rien ne se sera jamais produit. Une infinité sans le moindre concept de lui-même.

Ou peut-être pas.

Vous saisissez votre briquet et brulez les documents, surveillant chaque langue de feu les consumer. Vous vous redressez, votre visage absolu devant les flammes vacillantes, et vous marchez vers la sortie.

Rien ne demeure derrière vous.


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